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lundi 22 février 2016

OIGNON OU OGNON ?

   

   La réforme de l'orthographe ayant fait couler beaucoup d'encre, nous avons décidé la semaine dernière de travailler sur un certain nombre de points qui en découlaient. Pris comme fer de lance par les contestataires, c'est le substantif oignon qui a tout d'abord retenu notre attention.

Avant toute chose, nous rappellerons succinctement l'étymologie du mot, à savoir que : 
 - le nom oignon est issu du latin unionem 
 - au XIIe siècle, suite à l'évolution phonétique du mot, il s'écrivait unnium
 - au XIIIe, on trouve les formes oinum et oingnum
Comment la graphie du mot a-t-elle évolué au cours des siècles suivants ?

Un nom à l'orthographe mouvante
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les deux orthographes sont en concurrence depuis trois siècles déjà, comme en témoignent les différentes éditions du Dictionnaire de l’Académie française : 
 - dans les éditions de 1718 à 1762, en effet, on écrivait oignon   
 - dans l'édition de 1798, en revanche, l'orthographe du mot était ognon 
 - en 1835 et 1878, les deux formes furent acceptées   
 - en 1935, oignon devint la graphie de référence  
 - dans l’édition actuelle, enfin, on écrit oignon en signalant qu’ognon est accepté.
D'où viennent ces hésitations ?

Graphie et prononciation
Historiquement, le /i/ qui s'intercalait dans le groupe [voyelle + /gn/] était muet, d'où la prononciation d'oignon actuellement. Cela explique également le fait que cette lettre n'était pas toujours orthographiée. Elle avait pourtant son utilité : la présence de ce /i/ indiquait comment prononcer le son /gn/, à savoir comme dans [montagne] et non pas comme dans [gnou].
Oignon ne fut pas le seul mot concerné par des doubles graphies : on trouve des formes telles que montaigne/montagne, aigneau/agneau ou campaigne/campagne au cours des siècles précédents. Puis, lors des différentes réformes de l'orthographe, ces mots se sont progressivement fixés, pour devenir montagne, agneau, ou campagne, ce qui ne fut pas le cas d'oignonEnfin, à titre anecdotique, on notera que le nom de l'écrivain Montaigne se prononçait donc [Montagne] au XVIe siècle.

En guise de conclusion, nous retiendrons que la prononciation d'oignon et sa graphie, loin d'être des "anomalies" comme le stipule le rapport officiel sur la réforme de l'orthographe, sont au contraire des particularités qui relèvent directement de l'histoire de notre langue.


Montaigne... ou Montagne ?

lundi 1 février 2016

" 13 A TABLE ! 2016 "

Un recueil de nouvelles pour les Restos du Cœur 
1 livre acheté = 4 repas distribués

    Ont participé à cet ouvrage collectif : Françoise BOURDIN - Michel BUSSI - Maxime CHATTAM - Stéphane DE GROODT - Stéphane D'EPENOUX - Karine GIEBEL - Douglas KENNEDY - Alexandra LAPIERRE - Agnès LEDIG - Nadine MONFILS - Romain PUERTOLAS - Bernard WERBER

    Comme l'année dernière, des romanciers populaires se sont mobilisés pour les Restos du Cœur et nous livrent la nouvelle fournée 2016 de "13 à table !".
    L'opération a été couronnée de succès en 2014-2015, l'équipe des Restos nous le rappelle dans la préface :
    "Chers lecteurs,
    Grâce à toute la chaîne du livre "13 à table !", de l'écriture jusqu'à la fabrication, l'édition, la distribution... et vous-mêmes les acheteurs, ce sont près de 1 400 000 repas en plus que les Restos ont pu distribuer en 2014 à ceux qu'ils accueillaient.
   En leur nom, nous vous remercions bien chaleureusement et vous invitons à découvrir avec gourmandise ces nouveaux récits dont la fraternité est le thème, cela va de soi !!!
    Bravo et merci à tous,
    Les Restos du Cœur"
    En cette période si difficile pour les plus démunis, souhaitons qu'il en soit de même cette année ! Et diffusons autant que possible l'information autour de nous !

Pocket, novembre 2015
282 pages, 5 euros

PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR
    Les plus grands auteurs de la littérature contemporaine ont pris cette année encore leur plus belle plume pour vous concocter un délicieux recueil de nouvelles autour d'un thème : frère et soeur. Ceux qui s'aiment, ceux qui se détestent... Souvenirs d'enfance, vie commune, haine larvée, à chacun sa recette. Douze fratries à découvrir sans modération.

CRITIQUE
    On peut largement saluer cette initiative, car il était grand-temps qu'à l'instar des chanteurs et des musiciens les romanciers apportent leur contribution aux Restos du Cœur. Doit-on pour autant négliger l'aspect littéraire de ces nouvelles pour n'en retenir que la portée humanitaire ? Ce serait dommage de le faire, car 13 à table ! procure un agréable moment de lecture, même si certains textes sont moins réussis que d'autres. Les deux tiers des nouvelles, en effet, témoignent d'un travail digne de retenir l'intérêt des lecteurs : chaque auteur amène son univers dans le recueil, tant au niveau des genres qu'au niveau des tonalités et des registres littéraires, et chaque texte s'attache à maîtriser l'art de la nouvelle qui est d'un maniement délicat.
    A titre indicatif, on retiendra La Seconde Morte de Michelle Bussi qui, très astucieusement, nous mène vers une fin pour le moins inattendue, à travers un récit aux allures de nouvelle pour magazine féminin. De même, Le fils unique d'Alexandra Lapierre nous réserve une fin jouissive, sous couvert d'un roman familial aux résonances psychologiques.
    Certaines nouvelles ont des univers encore plus marqués : c'est le cas de Ceci est mon corps, ceci est mon péché de Maxime Chattam, un texte thriller très américain, tant dans sa conception que dans ses thématiques. Issue du même parti pris, La Robe bleue de Nadine Monfils surprend et malmène un peu le lecteur, mais le registre dramatique de la nouvelle est habilement contrebalancé par un texte qui oscille entre réalisme, fantastique et ironie. Quant à Bernard Werber, il nous livre avec Jumeaux, trop jumeaux un bon récit policier à tonalité scientifique qui s'interroge sur l'essence profonde de la gémellité. Enfin,  et c'est sans doute un des textes les plus forts du recueil, le lecteur se laissera emporter par l'histoire de la jeune turque Aleyna de Karine Giebel, une nouvelle poignante, tragique, dénonçant le martyre que subissent encore aujourd'hui certaines femmes, au nom du respect et des traditions.

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