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mardi 19 octobre 2021

LES HEURES SILENCIEUSES, Gaëlle Josse

  Si vous n'avez jamais lu ce livre, il vous faut le faire dans les plus brefs délais, car c'est une belle et poétique pièce d'orfèvrerie que l'écrivaine Gaëlle Josse a ciselée de sa plume. La couverture du roman, qui est un tableau du peintre hollandais Emmanuel de Witte (17e s.), est déjà en soi une invitation à la lecture, une incitation à pénétrer dans l'univers feutré de cet intérieur bourgeois d'un autre siècle. Il ne nous reste plus maintenant qu'à ouvrir ce livre, qu'à pénétrer dans cette demeure et y laisser se dérouler l'histoire qu'on va nous raconter... 


J'ai Lu, mars 2012,
96 pages, 5,80 €

  
  "Delft, novembre 1667. Magdalena Van Beyeren se confie à son journal intime. Mariée très jeune, elle a dû renoncer à ses rêves d'aventure sur les bateaux de son père, administrateur de la Compagnie des Indes orientales. Là n'est pas la place d'une femme... L'évocation de son enfance, de sa vie d'épouse et de mère va lui permettre l'aveu d'un lourd secret et de ses désirs interdits. Inspiré par un tableau d'Emmanuel De Witte, ce premier roman lumineux, coup de coeur des lecteurs et de la presse, dessine le beau portrait d'une femme droite et courageuse dans le peu d'espace qui lui est accordé"...

Peinture sur livre
La lecture de ce roman débute dès la première de couverture qui s'ouvre sur le tableau d'Emmanuel de Witte "Intérieur avec femme à l'épinette". Cette peinture remplit une double fonction, semble-t-il, puisque c'est à la fois le point d'entrée dans la trame narrative du roman, le tableau étant l'élément central du premier chapitre, mais elle apparaît aussi comme le sous-titre du livre, dans la mesure où cette femme à l'épinette va nous dévoiler son intériorité et nous faire entrer dans son intimité tout au long de ce court roman. Bon nombre de correspondances entre le livre et la peinture vont ainsi pouvoir s'établir : la chambre peinte par de Witte représente symboliquement le point de rupture que connaît cette femme au moment de la rédaction de son journal, les jeux de clair-obscur sont liés au déroulement d'une vie qui a connu et connaît encore les affres du tourment et les joies simples de l'existence, les pièces en enfilade sont autant de compartiments de vie que la narratrice va explorer au détour de ses confidences... Est alors suggérée une étroite connivence entre peinture et écriture, ce qui va pousser le lecteur à pouvoir envisager plusieurs passages du roman comme des tableaux.

Un journal intime automnal
Le récit qu'entreprend Magdalena Van Beyeren se situe à la lisière de l'autobiographie, puisqu'elle se replonge dans son passé pour en détailler tous les moments qui ressurgissent dans sa mémoire à l'occasion de sa narration. Ce récit de vie est émouvant, foisonnant, et explore son enfance, sa relation à la figure paternelle, mais détaille aussi sa relation de couple, dépeint ses enfants, s'inquiète de leur devenir, et s'ancre dans son époque à travers quelques réflexions sur l'art, le commerce maritime... C'est aussi un constat doux-amer que nous livre Magdalena sur le temps qui passe, sur sa condition de femme et d'épouse, sur les aspirations et les déceptions qui jalonnent son parcours. C'est donc un portrait plein de sensibilité qui se construit au fur et à mesure des chapitres, subtilement crée par les descriptions de la vie quotidienne que retrace la narratrice. Le lecteur va ainsi se promener tout au long de cette vie comme il ferait dans un musée dédié à la peinture, et la fin un peu abrupte du roman va le plonger, tout comme Magdalena, dans une phase d'introspection littéraire et imaginative...

  "Au milieu de ce minuscule éden, elle a fait disposer un pavillon de bois d'un goût chinois. On y déjeune aux beaux jours, qu'elle guette d'une impatience d'enfant. Son mari, qui lui a souvent reproché ces dépenses d'agrément, s'amuse aujourd'hui à étonner ses visiteurs par la variété des couleurs et des essences qu'on y rencontre.
  Notre petite cour pavée, au fond du corridor, semble bien modeste à côté, avec son pommier et ses quelques rosiers grimpants, mais elle me suffit. Plus que les fleurs, ce sont les arbres que j'aime. Les tilleuls du canal me réjouissent bien davantage, avec leur feuillage qui semble envahir chaque pièce et qui, jour après jour, me renseigne du cours des saisons."
(Les heures silencieuses, p. 29)
 

2 commentaires:

  1. Je l'ai lu, c'est un très bon roman, peut être un peu court... L'interprétation que vous en donnez est très intéressante.

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  2. Merci beaucoup ! Il faut dire que ce roman est assez dense et que cela donne envie de l'étudier...

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